« Coma », un roman sur l’internement abusif en hôpital psychiatrique
Lauri traverse une mauvaise période. Son mari est dans le coma suite à un accident de la route, ses deux enfants adolescents « tournent mal » et lui-même rencontre de sérieuses difficultés au travail avec son supérieur hiérarchique. Un jour, après avoir rendu visite à son époux à l’hôpital, Lauri, au bord du désespoir, ressent le besoin de se confier à quelqu’un, il décide de rendre visite à son meilleur ami. Hélas, celui-ci est absent. Lauri erre dans les rues de Paris. La nuit arrive, il n’a pas la force de rentrer chez lui. Surpris par la pluie, il grimpe sur l’échafaudage d’un immeuble en travaux pour trouver refuge et s’endort, épuisé. Mais il est repéré par l’un de ses occupants qui appelle la police. Quand cette dernière surgit, Lauri, dans un demi-sommeil, pense être agressé et se défend. Les policiers le jugent dangereux et l’emmènent au poste, puis dans un établissement pour personnes présentant des troubles psychologiques. Commence alors pour lui une lente descente en enfer…
Pourquoi avoir voulu raconter cette histoire ?
« Cette histoire est inspirée d’un fait réel. J’ai lu ce récit glaçant dans un magazine, et cela m’a aussitôt donné envie de me saisir de cette matière première pour construire une histoire sur l’internement abusif d’un être humain jusque-là sans problème. Ce que je trouvais intéressant, c’était de montrer comment l’Administration peut refermer ses terribles mâchoires sur une personne saine et, petit à petit, l’amener à penser qu’elle ne l’est peut-être pas. Le récit est donc perçu de son point de vue. Progressivement son monde va se resserrer jusqu’à l’enfermement total, physique et psychologique, jusqu’à l’oubli des réalités. Et plus elle va clamer son innocence et crier à l’injustice, plus les chances de s’en sortir vont s’amoindrir.
Pour donner du corps à mon histoire, je me suis servi d’un cadeau inopiné et providentiel : une connaissance, apprenant mon projet, m’a confié qu’elle avait séjourné (à sa demande) en hôpital psychiatrique. La surprise de cette annonce passée, j’en ai eu une seconde : le journal de son internement. Ainsi, et c’était ce qui me préoccupait le plus, j’ai pu installer des personnages et des situations crédibles, puisqu’elles ont réellement existé.
L’article qui est à la base de ce projet se termine avec une question : « Comment a-t-on pu imaginer cette réponse à la souffrance humaine ? » Je n’y apporte pas de réponse dans ce roman, mais je donne plusieurs pistes de réflexion au cours du récit. Des réflexions qui vont au-delà du strict cadre des hôpitaux psychiatriques, car c’est bel et bien des entraves qu’il est question ici. Celles que l’on subit et celles que l’on se crée. » | Sébastien Monod
Paru aux Éditions de La Trémie – 16,50 €
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